bloc2

Conférence de Eric Forcada

Le Papier de Montval des Maillol d'Eric Forcada

Créer le meilleur papier pour le plus beau des ouvrages. Telle est l’ambition d’Aristide Maillol, lorsque le Comte Kessler lui propose de participer à une édition des « Eglogues » de Virgile. Mécontent des papiers cellulose chlorés qui jaunissent et se dégradent avec le temps, Maillol part alors à la recherche des secrets des anciens papetiers pour coucher ses bois sur papier qui triomphera du temps. Aidé par son neveu Gaspard-Maillol, le grand statuaire catalan créé à partir de draps de lins et de tissus de chanvre, un papier d’un blanc et d’une texture exceptionnelle. En 1910, les Maillol soumettent le fruit de leurs recherches au Comte Kessler. Le directeur de la Cranach Presse de Weimar est stupéfait : « Ce papier est vraiment plus consistant, plus moelleux, plus ferme, plus matériel, que tout autre papier moderne fabriqué aujourd’hui en Europe. Il est comme un mur, et pourtant sans dureté. A la vue des échantillons, nous prîmes la décision de fabriquer nous-même le papier pour le Virgile ». En 1913, une petite usine dirigée par Gaspard Maillol produit ce nouveau papier. Elle prend place dans une petite dépendance située sur le chemin qui unit Marly le Roi à Montval. Une équipe constituée de 6 personnes travaillent à produire ce chef d’œuvre de la papeterie moderne. Peu à peu, la quantité de feuilles nécessaires à la confection du livre de la Cranach Presse sort des formes marquées d’un filigrane reprenant la statue d’Aristide Maillol « Méditerranée » dont le socle se constitue d’un MK pour « Maillol-Kessler ». Ce premier travail fini, artistes et éditeurs spécialisés en bibliophilie commencent à commander ce papier pour leurs créations et publications. Un bon présage qui ouvre de nouvelle perspective à ce papier de génie. Mais la Guerre brise l’élan de l’entreprise et l’édition des « Eglogues » est mise en parenthèse.

Photo Didier Cahouet

bloc6

L'atelier

Malgré tout, en 1919, Gaspard-Maillol reprend le procédé et lance à nouveau la production du « Papier de Montval » grâce à l’appui d’un jeune industriel du Mans, Pierre Térouanne. Une nouvelle petite fabrique voit le jour. Le succès ne tarde pas à être au rendez-vous. Editeurs, graveurs et artistes s’intéressent à nouveau à ce papier et lui assurent une renommée fulgurante. Un succès qui stupéfait le monde la papeterie industrielle. En 1925, les Manufactures Montgolfier & Canson offrent leur concours à Gaspard-Maillol pour développer, diversifier et diffuser le « Papier de Montval ». Rapidement, près de 3 000 feuilles de « Papiers de Montval » sortent des cuves. Aujourd’hui encore, le papier des Maillol tient ses promesses et résiste au temps en séduisant, grâce aux produits du grand papetier Canson un grand nombre d’artistes et aquarellistes.

bloc7

Le papier de Montval

bloc5

Résumer des articles « El Paper de Montval d’Aristides, Gaspar i Rafael Maillol » [pp. 109 à 144] et « Le papier de Montval d’Aristide, Gaspard et Raphaël Maillol » [pp.145 à 182] d’Eric Forcada in « Entre édition et presse. Le papier d’hier à aujourd’hui », Actes de Colloques de la IIe Journée d’étude sur l’imprimerie de Perpignan, édités par les « Publications de l’Olivier » et la Ville de Perpignan, Saint Esteve, avril 2005.

L'atelier de Gaspard Maillol à Marly et le papier Montval

Gaspard Maillol dans son atelier

item1